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Ne sont-ce pas deux autres indices de la domination du roi étrusque à Rome ?

Enfin la cérémonie de la vente des biens de Porsena, cette coutume bizarre conservée jusqu’au temps d’Auguste, que Tite Live lui-même déclare ne pas s’accorder avec un départ pacifique[1], ne se prête point aux explications qu’il en donne.

Selon lui, des biens laissés par sa libéralité aux Romains auraient été vendus pour éviter que le peuple les pillât. Quoi de plus invraisemblable ? Quoi de plus naturel, au contraire, que la commémoration de la vente de ces biens si Porsena a régné à Rome comme Tarquin, et si, après avoir brisé cet autre joug. le sénat a vendu au peuple ce bien national, comme il lui avait livré les biens des Tarquins ?

Porsena a donc régné à Rome probablement du haut du Janicule, dont il s’était emparé, de la forteresse qu’il occupait. Il y a eu là une vrai conquête dont l’histoire a supprimé le souvenir sans pouvoir en effacer toutes les traces.

Cette période de l’histoire romaine, abolie par l’orgueil national, a été remplacée par une légende faite après coup, et dont les beaux sentiments qui y abondent trahissent l’origine peu ancienne[2].

  1. Pacatæ profectioni ab urbe regis etrusci abhorrens mos. (Tit Liv., II, 14.)
  2. Le caractère romanesque de toute cette légende est remarquable. J’en citerai un trait pendant le siège, les Étrusques seraient venus