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Lieu sacré en effet, car il fut le berceau des libertés populaires.

Ce nom exprimait l’idée de l’inviolabilité des personnes et des droits qu’y conquirent les plébéiens. Les lois qui les garantirent s’appelèrent lois sacrées (leges sanctæ). La personne des tribuns qui les représentèrent fut déclarée sacrée (sacrosancta)[1].

Le mont Sacré semble bien petit pour le rôle qu’il a joué. N’importe, il est grand par ce qu’il rappelle. Le Capitole aussi est une taupinière ; il s’élève cependant plus haut dans l’imagination des hommes que les cimes gigantesques, mais sans histoire, du Chimboraço et de l’Himalaya.

Irrités du manque de foi des patriciens, tous les citoyens en état de porter les armes refusèrent de marcher contre les Æques, et s’en allèrent camper sur le mont Sacré, au delà de l’Anio, hors du territoire primitif de Rome. Ce fut une véritable émigration[2].

Les plébéiens voulaient, je n’en doute pas, faire sur le mont Sacré un établissement durable[3]. Selon Denys

  1. Selon Festus (P. Diac., p. 319), ce nom avait été donné au mont Sacré, parce qu’il fut consacré à Jupiter. Comme il y avait beaucoup d’autres lieux consacrés à Jupiter, ce ne put être l’origine du nom que porta le mont Sacré.
  2. Voy. Plut., Cor., 6. C’est pourquoi je rejette avec Tite Live la tradition (Tit. Liv., II, 32), d’après laquelle la sécession aurait eu lieu sur l’Aventin.
  3. Denys d’Halicarnasse (VI, 51) parle, il est vrai, des femmes et des enfants restés à Rome, mais cela fait partie de la rhétorique qu’il met dans la bouche de Menenius Agrippa.