rencontrer aujourd’hui dans la campagne romaine au même endroit[1], le repousse en lui disant :
« Je veux savoir si je suis venue vers mon fils ou vers un ennemi. »
À ces dures paroles de la mère de famille, le hautain exilé ne trouve rien à répondre.
L’épouse, dont la condition par rapport à son époux était celle d’une fille vis-à-vis de son père, ne se permet pas d’adresser à Coriolan des reproches ou des conseils ; mais elle l’embrasse et pleure. Toutes les matrones l’entourent en pleurant.
L’âme fière et violente de Coriolan est attendrie par ces pleurs de femmes ; il lève, son camp et se retire, non devant Rome, mais devant elles.
Il y a peu de scènes dans l’histoire plus émouvantes que celle-là, et elle ne perd rien à la décoration du théâtre ; en se plaçant sur un tertre à quatre milles de Rome, près de la voie Latine, dans un lieu où il n’y a aujourd’hui que des tombeaux et des ruines, on peut se figurer le camp des Volsques, dont les armes et les tentes étincellent au soleil. Les montagnes s’élèvent à l’horizon. À travers la plaine ardente et poudreuse défile une foule voilée dont les gémissements, retentissent dans le silence de la campagne romaine. Bientôt Coriolan est entouré de cette multitude suppliante
- ↑ Denys d’Halicarnasse (VIII, 45) la peint s’évanouissant aux pieds de son fils ; cela n’est point dans les mœurs romaines. Le Romain Tite Live les comprenait mieux que le Grec d’Halicarnasse.