Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/407

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dont les plaintes, les cris, devaient avoir la vivacité des démonstrations passionnées des Romaines de nos jours.

Coriolan eût résisté à tout ce bruit, il eût peut-être résisté aux larmes de sa femme et aux caresses de ses enfants ; il ne résista pas à la sévérité de sa mère.

Le soir, par un glorieux coucher du soleil de Rome qui éclaire leur joie, la procession triomphante s’éloigne en adressant un chant de reconnaissance aux dieux, et lui se retire dans sa tente, étonné d’avoir pu céder.

Du haut des édifices de la ville on regarde avec transport l’armée ennemie retourner du côté de la mer vers Antium, d’où Coriolan était venu écraser le plébéianisme à Rome, et où il devait trouver la mort.

Sa fin, toujours triste, était racontée de diverses manières. Selon les uns, en butte au mécontentement des Volsques, il avait été lapidé par eux ; puis, se repentant de lui avoir donné la mort, ils avaient accordé de grands honneurs à son cadavre[1]. Selon d’autres, il aurait vécu jusque dans un âge avancé, regrettant la patrie qu’il avait trahie, puis sauvée, et disant :

« L’exil est cruel pour un vieillard[2]. »

Il eût pu rentrer dans Rome, où le sénat lui décerna des honneurs et où les matrones devaient porter son

  1. Den. d’Hal., VIII, 59.
  2. Tit. Liv., II, .40.