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donner une autorité légale et enlever aux patriciens l’influence qu’ils exerçaient dans les centuries au moyen de leurs clients[1].

Le Sénat homme consul Appius Claudius, fils du premier Claudius, aussi odieux aux plébéiens que son père, et lui donne pour collègue un homme de la gens Quinctia, Titus Quinctius Cincinnatus.

Les plébéiens de leur côté avaient renommé tribun Volero et nommé avec lui un soldat vaillant, Lætorius. Celui-ci savait mieux combattre que parler. Il en convint à la tribune et ajouta : « Je mourrai ici ou la loi passera. »

Le lendemain les deux tribuns y parurent ; les consuls et les patriciens, escortés de nombreux clients, descendirent dans le Forum pour s’opposer au vote. Volero[2] prit deux mesures dont la première était certainement illégale : il interdit aux consuls de parler

  1. Denys d’Halicarnasse (IX, 41) dit que l’objet de la loi était de mettre les comices par tribus à la place des comices par curies. Je ne puis croire que les tribuns aient jamais été nommés par les seuls patriciens, tandis que les consuls, magistrats patriciens, étaient nommés dans les comices du Champ de Mars. Les tribuns se plaignaient de l’influence que les patriciens exerçaient sur les votes au moyen de leurs clients ; or, l’action des clients sur les curies ne saurait se comprendre, car on ne saurait admettre qu’ils y aient siégé à côté de leurs patrons. Elle se conçoit très-bien dans les centuries, où ils avaient le droit de suffrage comme les autres citoyens, et où ils pouvaient renforcer le parti aristocratique, auquel naturellement ils étaient dévoués.
  2. Den. d’Hal., IX, 41.