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contre la loi et aux patriciens d’assister aux votes des tribus[1]. De jeunes patriciens veulent y rester. Lætorius ordonne au serviteur des tribuns (viator) d’arrêter les perturbateurs. Le consul Appius dénie aux tribuns, magistrats plébéiens, le droit d’attenter à la liberté d’un patricien. Lætorius envoie son viator saisir le consul, et le consul ordonne à un licteur de saisir les tribuns. Mais une multitude accourue de toutes les parties de la ville dans le Forum défendait Lætorius ; dans la lutte celui-ci fut meurtri au visage. Cincinnatus, homme modéré et qui savait se faire écouter des plébéiens[2], obtint d’eux qu’ils rendraient le consul Appius dont ils s’étaient emparés. À peine libre, Appius proteste en vain dans la curie contre une loi plus dure que celle du mont Sacré. Les sénateurs n’osent point s’opposer à la loi qui passe au milieu d’un profond silence.

Sous le consulat suivant les tribuns mirent Appius en jugement. Appius Claudius, que ses soldats avaient

  1. C’est une question de savoir si les patriciens étaient admis à l’origine dans les tribus. Niebuhr le nie ; son opinion a été combattue. (Beck, Handb. d. R. alt., II, 2, p. 182.) Dans tous les cas, ils ne paraissent pas, avant l’époque des décemvirs, avoir fait partie des comices par tribus. S’ils étaient venus dans le Forum avec leurs clients, c’était pour agir sur les tribus et empêcher ainsi la loi Publilia de passer. On les voit faire la même chose à l’occasion de la loi Icilia. (Den. d’Hal., X, 40.) Les expressions de Tite Liye(II, 56) indiquent positivement que, selon lui du moins, les patriciens n’avaient pas le droit de voter dans le Forum.
  2. Den. d’Hal., IX, 44.