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Trois patriciens furent chargés d’aller à Athènes pour en rapporter les lois de Solon et d’autres législateurs célèbres. De là, disait-on, étaient provenues les Douze Tables, corps de loi que publièrent les décemvirs, et dont nous ne possédons qu’un petit nombre de fragments.

Il est difficile de rejeter absolument le fait de cette mission en Grèce, et difficile aussi de l’admettre. Les lois des Douze Tables, à en juger par ce qui en reste, ne furent point, ce qui était impossible, empruntées dans leur ensemble à un droit étranger[1] ; ce qui y domine c’est l’ancien droit romain, ou plutôt sabin car ce qu’on a appelé le droit romain n’a pu naître sur le Palatin dans un refuge de bandits. Plusieurs dispositions des Douze Tables se retrouvent dans des lois attribuées au sabin Numa[2]. La dureté sabine[3] est partout dans la législation des décemvirs, dont plusieurs ont des noms sabins, dont le sabin Appius était l’âme, et parmi lesquels un seul est certainement Latin, Julius, cité pour son équité ; l’interdiction du mariage entre patriciens et plébéiens, signe de la distinction des races, y était maintenue ; la dureté envers les débiteurs te-

  1. Denys d’Halicarnasse dit qu’elles contenaient des lois étrangères et des lois nationales (X, 55-7).
  2. Schwegl., R. Gesch., III, p. 17.
  3. Cependant il faut reconnaître que le droit de couper le corps du débiteur en morceaux n’exprime que la division de la propriété. Le mot sectio est un terme juridique employé en ce sens. (Schwegl., III, p. 38.)