Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui le tenait. Tarquin ne songea plus à braver un tel homme, et exécuta son plan d’une façon détournée.

Il fit élever à Nævius une petite statue en bronze qui le représentait la tête voilée, et qu’on voyait encore au temps d’Auguste sur les degrés par où l’on montait au Comitium un peu élevé au-dessus du marché, près du figuier ruminal, en avant et à gauche de la curie. On enterra près de là le rasoir[1] et la pierre à repasser, et le lieu fut déclaré saint comme ceux que la foudre avait consacrés.

Ce plan de fondre les races par l’égalité, de favoriser le plus possible les Latins sans trop mécontenter les Sabins, de remplacer tout doucement l’ascendant de ceux-ci par l’ascendant des Étrusques ; ce plan auquel se rapportait également la fondation du temple Capitolin et la nouvelle organisation des tribus, Tarquin le poursuivit en toute chose. Tout ce que l’on sait de ses institutions politiques est conçu dans le même esprit.

Il augmente le sénat de cent membres nouveaux, lesquels, comme dit Tite Live, y formèrent le parti du roi, qui les y avait fait entrer[2]. Déjà le nombre des séna-

  1. Scipion Æmilien fut, dit-on, le premier Romain qui se fit faire la barbe tous les jours. Vers son temps, des barbiers grecs s’établirent à Rome ; mais la légende, certainement ancienne, d’Attus Nævius, montre que les Romains n’avaient pas attendu jusque-là pour se raser.
  2. « Factio haud dubia regis, cujus beneficio in curiam venerant. » (Tit. Liv., i, 35.)