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la reine Tanaquil, et elle avait donné le jour à Servius Tullius.

Cette légende, qui fait naître Servius d’une femme esclave, est évidemment hostile, d’autant plus que la tradition ne s’en tint pas là ; elle ne voulut point lui laisser pour père un chef sabin indépendant ; de ce père elle fit un client de Tarquin et même un esclave[1].

Quand nous aurons vu que la constitution de Servius Tullius consomma l’émancipation des Latins, leur égalité avec le peuple sabin, et acheva de les fondre dans ce peuple, nous ne serons pas surpris de ces outrages de la légende sabine. Dans la version la moins désobligeante pour la mémoire de Servius, sa mère était toujours une esclave ; si son père était un dieu, c’est que, tout en faisant du roi législateur un fils de Sabine, on voulait rattacher sa naissance à un culte devenu national chez les Sabins, le culte du feu.

Les deux traditions sur ce roi, recueillies par les historiens latins, sont donc également des traditions sabines.

La légende venait des Sabins ; mais l’histoire véritable, nous la devons aux Étrusques ; car par eux nous savons que Servius Tullius se nommait Mastarna.

Un fragment du discours de l’empereur Claude re-

  1. Plut., De Fort. Rom.. 10 ; Cic., De Rep., II, 21 ; Justin., XXVIII, 6. On donna aussi pour mère à Servius Tullius la concubine d’un homme de Tibur appelé Spurius Tullius. (Fest., p. 174.)