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Il y avait la Fortune des semailles et la Fortune des moissons.

Il y avait la Fortune du retour, la Fortune Barbata, à laquelle on consacrait sa première barbe ; la Fortune Virginalis, à laquelle les jeunes femmes offraient la ceinture qu’elles déposaient en se mariant ; la Fortune virile, la Fortune mulièbre, la mauvaise, la bonne, la douteuse, la complaisante, la Fortune d’aujourd’hui, la Fortune qui protège, la Fortune qui dure, la Fortune qui revient, la Fortune qui espère et la Fortune engluée.

Quand arriva l’empire, les empereurs eurent leur Fortune ; de peur de la perdre, ils placèrent sa statue dans leur chambre coucher. Cela s’appelait la Fortune de César ; mais César avait emporté la sienne.

Le nom de cette déesse, qui devint celui du hasard, avait été dans l’origine celui de la force[1], de la force ignorée qui a engendré et dirige le monde. C’était la Fortune, premièrement créatrice, primigenia, qui fut une divinité pélasge et une divinité sabine avant de devenir une divinité romaine.

En effet, elle avait divers sanctuaires en Grèce, et particulièrement en des lieux où l’on trouve des restes du culte des Pélasges.

Elle y était représentée, comme elle le fut à Rome, sur les médailles[2] et telle qu’on peut la voir dans une

  1. Fors et fortuna ont la même racine que fortis.
  2. Paus., VII, 26, 8.