Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/190

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giques, la fantaisie inconsciente d’un obscur armurier l’avait accroché à un démesuré sabre de cavalerie. Ne me reproche pas, Zoé, ce tour de langage ; il est dans une lettre de Cicéron. « Qui donc, dit l’orateur, a accroché mon gendre à cette épée ? »

» Ce qui m’étonna le plus dans l’équipement de notre ami Émile Vincent, ce fut ce démesuré sabre. J’en conçus, en mon âme enfantine, une espérance de victoire. Je crois, Zoé, que tu fis plus d’attention aux bottes, car tu levas la tête de dessus ton ouvrage et tu t’écrias : « Tiens ! le Chat botté ! »

— J’ai dit : « Le Chat botté ! » Pauvre Émile !

— Tu as dit : « Tiens ! le Chat botté ! » N’en aie pas de regrets, Zoé. Madame d’Abrantès raconte dans ses Mémoires qu’une petite fille appela aussi « Chat botté » le jeune et maigre Bonaparte, un jour qu’elle le vit ridiculement accoutré en général de la Répu-