Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre, 1879.djvu/15

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l’ami des peintres, comme ils m’appellent tous là-bas, à Barbizon. Je les connais tous. Ce sont en général de bons enfants.

— Et votre fabrique de brosses ?

— Ma fabrique ? elle va toute seule.

André vint se jeter entre eux :

— Maman ! maman ! il y a sous une grosse pierre des bêtes au bon Dieu. Il y en a au moins un million, vrai !

— Tais-toi et va jouer, lui répondit sèchement sa mère.

L’ami des peintres reprit de sa belle voix chaude :

— Cela fait plaisir de se revoir ! Les amis me demandent bien souvent ce qu’est devenue la belle madame Trévière. Je leur dirai qu’elle est toujours et plus que jamais la belle madame Trévière. Au revoir, madame.

— Bonjour, monsieur Lassalle.

André reparut.

— Maman, est-ce que toutes les bêtes ne sont pas au bon Dieu ? Est-ce qu’il y a des bêtes au Diable ?... Maman ! tu ne me réponds pas... Pourquoi ? Et il la tira par sa jupe. Alors elle le gronda :

— André, il ne faut pas m’interrompre, quand je parle à quelqu’un. Tu m’entends ?

— Pourquoi ?