Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/273

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mort d’une créature d’élite, fine comme un cheval de race et savante comme Hypatie.

Des frissons douloureux coulaient tout le long de son nez expressif. Vranga était son unique entretien. Il ne vivait plus qu’avec la morte. Dans son désespoir, il oubliait d’emprunter des habits à Labanne. Drapé dans sa couverture de cheval comme dans un suaire, il errait avec une mélancolie hautaine sur le boulevard Saint-Michel.

— Vous voyez, disait-il aux amis qui l’arrêtaient, je suis en deuil.

Et il montrait sur sa tête quelque chose qui ressemblait à un crêpe autour de quelque chose qui ressemblait à un chapeau.

Pendant que le philosophe Branchut menait ainsi le deuil de la princesse Vranga, Sainte-Lucie témoignait à l’hôtesse du Chat Maigre une froideur croissante. Il ne se hasardait jamais seul dans l’établissement et évitait de s’écarter de ses compagnons pour aller prendre des allumettes sur une table voisine de la fontaine où Virginie rinçait perpétuellement des verres.

Il devenait sérieux et faisait de la peinture avec zèle. D’ailleurs, il y avait maintenant dans l’atelier