Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/30

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M. Fellaire l’espérait aussi, et M. Haviland rentra dans le silence.

Il se leva avec une raideur anglaise compliquée d’arthritisme, car il avait les genoux perclus de douleurs rhumatismales. Son pardessus jaune sur les bras, il avait déjà franchi la grille du jardin quand il reprit la parole.

— J’ai l’honneur, dit-il à son hôte, de vous demander la main de mademoiselle Fellaire, votre fille.

Le petit homme allait probablement faire une réponse habile, mais pétulante. L’Anglais lui mit un papier dans la main.

— Vous trouverez là, dit-il, le relevé exact de ma fortune. Envoyez-moi la réponse par lettre chargée, s’il vous plaît. Ne me reconduisez pas. Non !

Et il prit d’un pas raide le chemin de la gare.

M. Fellaire, que rien ne surprenait d’ordinaire, était surpris. Il fit douze fois, avec agilité, le tour de la grotte artificielle. La lune éclairait ses grosses joues inertes qu’il semblait, en se démenant, porter comme un masque. Il son-