Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/46

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d’effroyables jurons, une botte de jugements et d’assignations.

La Mère Sainte-Geneviève avait les grandes manières d’une abbesse de l’ancien régime. Une de ses élégances était de ne jamais soupçonner M. Fellaire d’avoir besoin d’argent. Il avançait constamment à la communauté des sommes dont la moindre lui coûtait des combinaisons à faire éclater une cervelle ordinaire.

Mais aussi quelle volupté pour lui d’entendre, le dimanche, les vêpres dans une tribune de la chapelle parfumée d’encens et d’iris, et de découvrir dans la nef sa fille penchée sur son livre d’église, entre la nièce d’un conseiller d’État et la cousine d’un prince monténégrin ! Après avoir contemplé la belle chevelure de son enfant et les épaules un peu pointues, mais fines, dans le corsage de mérinos brun, les verres de ses lunettes se brouillaient et il se mouchait comme au théâtre après les situations émouvantes.

Les affaires de la communauté lui coûtèrent quelque argent, mais lui procurèrent des relations avantageuses.

— J’ai la vogue, pensait-il, et ses gilets, tant de