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Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/97

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se sentait des larmes pour lui, et ces larmes lui faisaient horreur comme une infâme hypocrisie, car n’était-ce pas elle qui… ?

Le souffle du malade se précipita et devint si pénible que ceux qui l’entendaient, à l’exception des médecins, se sentaient eux-mêmes oppressés. Ses mains osseuses, étendues sur la couverture, la grattaient d’un geste frileux et maladroit. Le docteur Hersent lui prit le poignet gauche. Il constata l’affaiblissement du pouls et le refroidissement des extrémités. Le nez se déprimait. Les yeux se cavaient. Il les roula autour de lui comme pour tout revoir et tout reconnaître une fois encore, puis il inclina la tête en arrière, poussa trois soupirs et rentra dans le repos. Un geste du docteur Hersent annonça que tout était fini.

Hélène, qui s’était tenue debout et droite dans la solennité de cette agonie, entendant qu’il était mort, sentit le sol s’ouvrir sous elle et ressentit une délicieuse impression d’anéantissement. Avec quelle volupté elle sentit pendant une seconde qu’elle s’évanouissait tout entière ! Oh ! qu’il lui était doux de n’être plus ! Elle tomba.

Les docteurs Guérard et Baldec rencontrèrent