Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

condition une certaine fierté, qui ne craignait pas toujours d’être importune, et une ardeur de gouverner. Au reste, herboriste et guérisseuse, un peu sorcière et remplissant la maison d’une bonne odeur d’herbes. Le cœur plein d’un zèle sincère, elle était tourmentée d’un éternel besoin d’aimer et de plaire. Dès le premier jour, elle avait aimé M. Bergeret pour la distinction de son esprit et la douceur de ses manières. Mais elle attendait avec inquiétude la venue de mademoiselle Bergeret. Un pressentiment l’avertissait qu’elle ne plairait point à la sœur d’Arcachon. Elle contentait au contraire M. Bergeret, qui goûtait dans sa maison la paix conquise et l’heureuse délivrance.

Ses livres, naguère méprisés et refoulés, il les avait dressés sur de longues tablettes dans une chambre vaste et claire. C’est là qu’il travaillait en paix à son Virgilius nauticus et qu’il se livrait aux silencieuses orgies de la méditation. Un jeune platane agitait