Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/118

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n’était pas assez. Gilberte pressa son amant de courir tout de suite à la recherche de vêtements. Il proposa d’aller en demander au concierge. Elle mit beaucoup de violence à l’en dissuader. C’était, selon elle, une imprudence folle, que de mettre des portiers dans une pareille affaire.

— Voulez-vous, s’écria-t-elle, qu’ils sachent que…

Elle montra l’ange et n’acheva pas.

Le jeune d’Esparvieu s’en fut à la recherche d’un marchand d’habits.

Cependant Gilberte, qui ne pouvait tarder davantage sans causer un horrible scandale mondain, fit jaillir la lumière et s’habilla devant l’ange. Elle le fit sans embarras, car elle savait s’accommoder aux circonstances, et elle concevait que, dans des rencontres inouïes, qui mêlaient le ciel à la terre en une confusion ineffable, il était permis de retrancher sur la pudeur. Elle se savait d’ailleurs bien faite et avait des dessous réduits à la mode. Comme l’apparition se refusait, par discrétion, à revêtir le pyjama de Maurice, il fut impossible à Gilberte de ne pas s’apercevoir, à la clarté des lampes, que ses soupçons étaient fondés et que les