Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/128

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phile, qui demeurait à l’autre bout de la ville, au coin du boulevard Rochechouart et de la rue de Steinkerque. Tout en marchant par les rues désertes, l’amant de la chanteuse conta à son frère ses amours et ses peines.

Sa chute, qui datait de deux ans, avait été soudaine. Appartenant au huitième chœur de la troisième hiérarchie, il était chargé de porter des grâces aux fidèles, qui subsistent encore nombreux en France, spécialement parmi les officiers supérieurs des armées de terre et de mer.

— Une nuit d’été, dit-il, comme je descendais du ciel pour distribuer des consolations, des persévérances et de bonnes morts à diverses personnes pieuses du quartier de l’Étoile, mes yeux, bien qu’habitués aux clartés immortelles, furent éblouis par les fleurs de feu dont les Champs-Élysées étaient semés. De grands candélabres, qui marquaient, sous les arbres, l’entrée des cafés et des restaurants, donnaient au feuillage l’éclat précieux de l’émeraude. De longues guirlandes de perles lumineuses entouraient les enceintes à ciel ouvert où se serrait une foule d’hommes et de femmes, devant