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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/127

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— Mais il importe avant tout, ajouta-t-il, de connaître nos forces et celles de l’adversaire.

Et il demanda, si les ennemis de Ialdabaoth étaient nombreux et puissants sur la terre.

Théophile leva sur son frère un regard surpris. Il semblait ne pas comprendre les propos qui lui étaient adressés.

— Cher compatriote, lui dit-il, je me suis rendu à ton invitation parce qu’elle venait d’un vieux camarade ; mais j’ignore ce que tu attends de moi, et je crains de ne pouvoir t’aider en rien. Je ne fais pas de politique ; je ne m’érige point en réformateur. Je ne suis pas, comme toi, un esprit révolté, un libre penseur, un révolutionnaire. Je demeure fidèle, au fond de mon âme, à mon créateur céleste. J’adore encore le Maître que je ne sers plus, et je pleure les jours où, me couvrant de mes ailes, je formais, avec la multitude des enfants de la lumière, une roue de flamme autour de son trône glorieux. L’amour, l’amour profane m’a seul séparé de Dieu. J’ai quitté le ciel pour suivre une fille des hommes. Elle était belle et chantait dans les cafés-concerts.

Ils se levèrent. Arcade accompagna Théo-