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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/168

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expression connue, des compositions violentes, terribles, qui, loin d’inspirer aux âmes la paix, le recueillement, la quiétude, les jettent dans une sorte d’agitation pleine d’effroi. Les anges y montrent des visages irrités ; leurs traits sont farouches et sombres. On dirait Lucifer et ses compagnons méditant leur révolte. Eh bien, mon enfant, ce sont ces images qui, agissant sur votre esprit déjà affaibli et délabré par toutes sortes de désordres, y ont porté le trouble auquel il est en proie.

Maurice se récria :

— Oh ! non, monsieur l’abbé, non, non ! ne pensez pas que j’ai été troublé par les peintures d’Eugène Delacroix. Je ne les ai pas seulement regardées. Cet art-là m’est totalement indifférent.

— Enfin, mon cher enfant, croyez-moi ; il n’y a rien de vrai, rien de réel dans tout ce que vous venez de raconter. Votre ange gardien ne vous est point apparu.

— Mais, monsieur l’abbé, reprit Maurice, à qui le témoignage des sens inspirait une confiance absolue, je l’ai vu nouer les souliers d’une dame et enfiler la culotte d’un suicidé !…