Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/169

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Et, frappant du pied l’asphalte, Maurice attestait de la vérité de ses paroles le ciel, la terre, toute la nature, les tours de Saint-Sulpice, les murs du grand séminaire, la fontaine des Quatre-Évêques, le chalet de nécessité, le kiosque des fiacres et des taxis et le kiosque des autobus, les arbres, les passants, les chiens, les moineaux, la fleuriste et ses fleurs.

L’abbé avait hâte de terminer l’entretien :

— Erreur, fausseté, illusion que tout cela, mon enfant. Vous êtes chrétien ; pensez en chrétien. Un chrétien ne se laisse pas séduire par de vaines apparences. La foi le garde contre les séductions du merveilleux ; il laisse la crédulité aux libres penseurs ! Il n’est pas de bourdes qu’on ne leur fasse avaler. Mais le chrétien porte une arme qui dissipe les illusions diaboliques : le signe de la croix. Rassurez-vous, Maurice, vous n’avez pas perdu votre ange gardien. Il veille toujours sur vous. C’est à vous à ne pas lui rendre cette tâche trop difficile ni trop pénible. Bonjour, Maurice. Le temps va changer, car je sens à l’orteil une douleur cuisante.

Et M. l’abbé Patouille s’en alla, son bréviaire