Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/17

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tés, journalistes, que toutes les âmes présentes se tournaient vers Rome avec une tendre soumission ou une obéissance contrainte et que M. d’Esparvieu, accoudé au marbre de la cheminée, opposait au droit civil le droit canon, et protestait éloquemment contre la spoliation de l’Église de France, deux antiques figures, muettes, immobiles, regardaient la moderne assemblée ; à droite du foyer, c’était, peint par David, en veste et en culotte de basin, Romain Bussart, laboureur à Esparvieu, l’air rude et madré, un peu narquois. Il avait ses raisons de rire : le bonhomme avait fondé la fortune de la famille en achetant des biens d’Église. À gauche, peint par Gérard, en habit de gala, tout chamarré d’ordres, le fils du paysan, le baron Émile Bussart d’Esparvieu, préfet de l’Empire et grand référendaire du sceau de France, sous Charles X, mort en 1837, marguillier de sa paroisse, les petits vers de la Pucelle sur les lèvres.

René d’Esparvieu avait épousé, en 1888, Marie-Antoinette Coupelle, fille du baron Coupelle, maître de forges à Blainville (Haute-Loire). Madame René d’Esparvieu préside,