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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/18

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depuis 1903, l’association des mères chrétiennes. Ces deux parfaits époux, ayant marié leur fille aînée en 1908, gardaient encore auprès d’eux trois enfants, une fille et deux garçons.

Léon, le plus jeune, âgé de six ans, avait sa chambre à côté de celles de sa mère et de sa sœur Berthe. Maurice, l’aîné, logeait dans un petit pavillon, composé de deux pièces, au fond du jardin. Ce jeune homme y trouvait une liberté qui lui rendait la vie de famille supportable. Il était assez joli garçon, élégant, sans trop d’affectation ; son petit sourire, qui ne levait qu’un côté des lèvres, n’était pas sans agrément.

À vingt-cinq ans, Maurice avait la sagesse de l’Ecclésiaste. Doutant qu’aucun profit revienne à l’homme de toute la peine qu’il prend sous le soleil, il ne se donnait jamais aucun mal. Depuis sa plus tendre enfance, ce fils de famille s’étudiait à éviter l’étude, et c’est en demeurant étranger à l’enseignement de l’École, qu’il était devenu docteur en droit et avocat à la Cour d’appel.

Il ne plaidait ni ne faisait de procédure. Il ne savait rien, ne voulait rien savoir, en quoi il se