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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/196

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vent au pinceau de Fragonard la confiture de groseille qui coule entre leurs fesses souriantes. Et vous gardez, Sophar, dans cette seule vitrine le sceptre de saint Louis, six cents perles du collier dispersé de la reine Marie-Antoinette, le manteau impérial de Charles-Quint, la tiare ciselée par Ghiberti pour le pape Martin V Colonna, l’épée de Bonaparte… Que sais je encore ?…

— Des bagatelles ! fit Max Everdingen.

— Mon cher baron, vous avez même, dit le prince Istar, l’anneau que Charlemagne passa au doigt d’une fée, et qu’on croyait perdu… Mais arrivons-en à notre affaire. Mon ami et moi, nous venons vous demander de l’argent.

— Je le pense bien, répondit Max Everdingen. Tout le monde demande de l’argent ; mais pour des raisons différentes. Pourquoi demandez-vous de l’argent ?

Le prince Istar répondit simplement :

— Pour faire la révolution en France.

— En France ? répéta le baron, en France ?… Eh bien ! je ne vous donnerai pas de l’argent pour cela : vous pouvez en être sûrs.

Arcade ne cacha pas qu’il aurait attendu