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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/195

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femme laide et ils purent se voir tous deux dans leurs enfants comme dans un miroir. L’hôtel du baron Max Everdingen, qui s’élève sur les hauteurs du Trocadéro, regorge des dépouilles de l’Europe chrétienne.

Le baron reçut Arcade et le prince Istar dans son cabinet de travail qui est une des pièces les plus simples de l’hôtel. Le plafond est orné d’une fresque de Tiepolo, enlevée d’un palais de Venise. Dans ce cabinet on voit le bureau du régent Philippe d’Orléans. Il s’y trouve des armoires et des vitrines, des tableaux, des statues.

Arcade promenant ses regards sur les murs :

— Comment se fait-il, ô mon frère Sophar, que vous, qui avez encore le cœur Israélite, vous observiez si mal le commandement de votre Dieu qui a dit : « Vous n’aurez point d’images taillées » ; car je vois ici un Apollon de Houdon, une Hébé de Lemoine, et plusieurs bustes de Caffieri. Et comme Salomon en sa vieillesse, ô fils de Dieu, vous placez dans votre demeure les idoles des nations étrangères ; telles sont, en effet, cette Vénus de Boucher, ce Jupiter de Rubens et ces nymphes qui doi-