Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/207

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premier élan la citadelle sacrée. Les soldats du Dieu jaloux, moins fougueux mais non moins fermes que les nôtres, demeuraient inébranlables. L’archange Michel les commandait avec le calme et la résolution d’un grand cœur. Trois fois nous essayâmes d’enfoncer leurs lignes qui, trois fois, opposèrent à nos poitrines de fer les pointes enflammées de leurs lances promptes à traverser les plus dures cuirasses. Par millions tombaient les corps glorieux. Enfin, notre aile droite défonça l’aile gauche de l’ennemi et nous vîmes les dos des Principautés, des Puissances, des Vertus, des Dominations, des Trônes qui fuyaient, se flagellant de leurs talons, tandis que les anges du troisième chœur, volant éperdus au-dessus d’eux, les couvraient d’une neige de plumes mêlée à une pluie de sang. Nous glissions à leur poursuite parmi des débris de chars et des monceaux d’armes, et nous précipitions leur fuite agile… Tout à coup, une tempête de cris étonne nos oreilles, s’enfle et s’approche, grosse de hurlements désespérés et de clameurs triomphales : la droite de l’ennemi, les Archanges géants du Très-Haut se sont rués