Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/212

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quérir la foudre ; c’est à cela que nous devons nous appliquer sans relâche. Or, ce n’est pas l’aveugle courage (nul en ce jour n’eut plus de courage que vous) qui nous livrera les carreaux divins : c’est l’étude et la réflexion. En ce muet séjour où nous sommes tombés, méditons, recherchons les causes cachées des choses. Observons la nature ; poursuivons-la d’une puissante ardeur et d’un conquérant désir ; efforçons-nous de pénétrer sa grandeur infinie et son infinie petitesse. Sachons quand elle est stérile et quand elle est féconde ; comment elle fait le chaud et le froid, la joie et la douleur, la vie et la mort ; comment elle assemble et divise ses éléments, comment elle produit et l’air subtil que nous respirons et les rochers de diamant et de saphir d’où nous avons été précipités, et le feu divin qui nous a noircis et la pensée altière qui agite nos esprits. Déchirés de larges blessures, brûlés de flammes et de glaces, rendons grâce au destin qui a pris soin de nous ouvrir les yeux, et réjouissons-nous de notre sort. C’est par la douleur que, faisant une première expérience de la nature, nous sommes excités à la connaître et à la dompter.