Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/220

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flûtes, des cymbales et des tambours inventés pour ses mystères. Les Bacchantes, les Thyades et les Ménades, ceintes de la nébride tachetée, agitaient le thyrse entouré de lierre. Il entraînait à sa suite les Satyres, dont je conduisais la troupe joyeuse, les Silènes, les Pans, les Centaures. Sous ses pas naissaient les fleurs et les fruits, et en frappant les rochers de son thyrse, il en faisait jaillir des sources limpides.

» Au temps des vendanges, il visitait la Grèce ; et les villageois accouraient au-devant de lui, teints des sucs verts ou rouges des plantes, le visage couvert de masques de bois, d’écorce ou de feuilles, une coupe de terre à la main, et dansaient des danses lascives. Leurs femmes, imitant les compagnes du Dieu, la tête ceinte du vert smilax, nouaient sur leurs flancs assouplis des peaux de faon et de chevreau. Les vierges attachaient à leur cou des guirlandes de figues, pétrissaient des gâteaux de farine et portaient le Phallus dans la corbeille mystique. Et les vignerons, barbouillés de lie, debout dans leurs chariots, échangeant avec les passants la moquerie et l’invective, inventaient la tragédie.