Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/274

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Le vieillard songea à celle qu’il pleurait depuis vingt ans, et aussitôt sa raison l’abandonna et sa pensée suivit sans résistance les imaginations d’une folie douce et triste.

Ayant étudié, disait-il, les sciences psychiques et pratiqué, avec le concours d’un médium translucide, des expériences sur la nature et la durée de l’âme, il avait obtenu des résultats surprenants, mais qui ne le contentaient pas. Il était parvenu à voir l’âme de la morte sous l’apparence d’une masse gélatineuse et transparente, qui ne rappelait en rien la forme qu’il avait adorée. Et ce qu’il y avait de plus pénible dans cette expérience cent fois répétée, c’était que la masse de gélatine, armée de tentacules d’une ténuité extrême, les mettait sans cesse en mouvement, selon un rythme destiné apparemment à former des signes, sans qu’on pût comprendre le sens de ces mouvements.

Tout le long de ce récit, M. Blancmesnil s’accointait avec la jeune Octavie, tranquille, muette, et qui baissait les yeux.

Zéphyrine ne s’était pas résignée à laisser son amant à une rivale indigne. Souvent, le