Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/293

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vous m’aimiez, revenez-moi, restez-moi. Je ne puis me passer de vous. Tant que je vous ai eu près de moi, je ne me suis pas aperçu de votre présence. Mais, sitôt votre départ, j’ai senti en moi un vide affreux. Sans vous, je suis comme un corps sans âme. Vous le dirai-je, dans le petit rez-de-chaussée de la rue de Rome, au côté de Gilberte, je me sens seul, je vous regrette et je désire vous voir et vous entendre comme au jour où vous m’avez mis dans une si grande colère… Avouez que j’avais raison et que vous ne vous êtes pas conduit ce jour-là en homme du monde. Que vous, vous, d’une si haute origine, d’un esprit si noble, vous ayez pu commettre une pareille inconvenance, c’est inouï, quand on y songe. Madame des Aubels ne vous a pas encore pardonné. Elle vous reproche de lui avoir fait peur en vous montrant aussi mal à propos, et d’avoir été d’une insolente indiscrétion en agrafant sa robe et en nouant ses souliers. Moi, j’ai tout oublié. Je me souviens seulement que vous êtes mon frère céleste, le saint compagnon de mon enfance. Non, Arcade, vous ne devez pas, vous ne pouvez pas vous