Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/295

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aussi tendrement et plus purement que miss Kat, votre institutrice anglaise, qui vous embrassait avec une horrible concupiscence. À la campagne, dans la saison où l’écorce mince des platanes se soulève en longues lames et découvre le tronc d’un vert tendre, après les pluies qui font couler du sable fin sur les chaussées en pente, je vous instruisais à faire avec ce sable, ces lames d’écorce, quelques fleurs des champs et des brins de capillaires des ponts rustiques, des huttes sauvages, des terrasses et ces jardins d’Adonis qui ne durent qu’une heure. Au mois de mai, à Paris, nous dressions un autel de la Vierge et nous y brûlions un encens dont l’odeur, répandue dans toute la maison, rappelant à Marcelline, la cuisinière, l’église de son village et sa virginité perdue, lui tirait des larmes abondantes et donnait des maux de tête à votre mère, accablée au milieu des richesses par l’ennui commun à tous les heureux de la terre. Quand vous allâtes au collège, je m’intéressai à vos progrès ; je partageais vos travaux et vos jeux, je méditais avec vous des problèmes ardus d’arithmétique, je cherchais le sens impéné-