Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/330

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de se scandaliser ! Tout le monde sait qu’elle a rôti le balai jusqu’au manche, et maintenant cette vieille hypocrite voudrait…

Il s’arrêta. Son regard avait rencontré le visage de son père qui exprimait plus de tristesse encore que d’indignation. Maurice se reprochait ses paroles comme un crime et ne concevait pas comment elles avaient pu lui échapper. Il allait fondre en larmes, tomber à genoux, implorer son pardon, quand sa mère, les yeux au plafond, soupira :

— Qu’est-ce que j’ai fait à Dieu pour avoir mis au jour un fils si coupable !

Retourné comme avec la main par cette parole qu’il jugeait affectée et ridicule, Maurice passa subitement d’un amer repentir à l’orgueil délicieux du crime. Il se précipita furieusement dans l’insolence et la révolte, et lança tout d’une haleine des paroles qu’une mère n’aurait jamais dû entendre :

— Si vous voulez que je vous le dise, maman, plutôt que de m’interdire de fréquenter une artiste lyrique pleine de talent et d’un caractère désintéressé, vous feriez mieux d’empêcher ma sœur aînée, madame de Margy, de se