Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/384

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hurla le brigadier Grolle en abattant sa large main sur l’épaule du prince Istar.

Le kéroub, indigné de ce vil contact, envoya, d’un coup de poing formidable, le brigadier dans le ruisseau. Mais déjà l’agent Fesandet accourait à l’aide de son supérieur, et ils fondaient tous deux sur le prince qu’ils frappèrent avec une fureur mécanique et qu’ils eussent, peut-être, malgré sa force et son poids, traîné tout sanglant au poste de police, si l’ange japonais ne les eût, l’un après l’autre, terrassés sans efforts et réduits à se tordre et à hurler dans la boue avant même que Maurice, Arcade et Zita n’eussent eu le temps d’intervenir. Quant à l’ange musicien, tremblant à l’écart, il invoquait le ciel.

À ce moment, deux garçons boulangers, qui pétrissaient la pâte dans une cave voisine, accoururent au bruit, en jupe blanche et le torse nu. Par un sentiment instinctif de solidarité sociale, ils prirent parti pour les agents terrassés. Théophile conçut, à leur vue, une juste terreur et s’enfuit ; ils le rattrapèrent et ils l’allaient livrer aux gardiens de la paix quand Arcade et Zita l’arrachèrent de leurs