Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/386

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maisons et enveloppa d’une épaisse fumée la fuite des anges et du jeune Maurice.

Arcade et Maurice avaient jugé que le plus sûr était encore de rentrer, après cette aventure, dans le petit appartement de la rue de Rome. Il était certain qu’ils ne seraient pas recherchés tout de suite et probable qu’ils ne le seraient jamais, la bombe du kéroub ayant heureusement supprimé tous les témoins de l’affaire. Ils s’endormirent au petit jour, et ils n’étaient pas encore éveillés à dix heures du matin, quand le concierge apporta le thé. En mangeant sa rôtie, avec du beurre et du jambon, le jeune d’Esparvieu dit à son ange :

— Je croyais qu’un crime était quelque chose d’extraordinaire. Eh bien ! je me trompais. C’est l’action la plus simple, la plus naturelle du monde.

— Et la plus traditionnelle, répliqua l’ange. Il fut, durant de longs siècles, habituel et nécessaire à l’homme de tuer et de dépouiller des hommes. Cela est encore recommandable dans la guerre. Il est honorable aussi d’attenter à la vie humaine dans certaines circonstances déterminées, et l’on vous approuva quand vous