Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/387

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voulûtes m’assassiner, Maurice, parce qu’il vous semblait que j’avais eu des familiarités avec votre maîtresse. Mais tuer un brigadier, ce n’est pas d’un homme du monde.

— Tais-toi, s’écria Maurice, tais-toi, scélérat ! J’ai tué ce pauvre brigadier instinctivement, sans savoir ce que je faisais. J’en suis désespéré. Mais ce n’est pas moi, c’est toi, le coupable, c’est toi, l’assassin. Tu m’as entraîné dans cette voie de révolte et de violence qui conduit aux abîmes. Tu m’as perdu, tu as sacrifié mon repos, mon bonheur à ton orgueil et à ta méchanceté. Et bien inutilement. Car, je t’en avertis, Arcade, tu ne réussiras pas dans ce que tu entreprends.

Le concierge apporta les journaux. En les voyant, Maurice pâlit. Ils annonçaient, en grosses lettres, l’attentat de la rue Feutrier. Un brigadier tué, deux agents cyclistes et deux garçons boulangers grièvement blessés ; trois immeubles effondrés, de nombreuses victimes.

Maurice laissa tomber la feuille et dit d’une voix faible et plaintive :

— Arcade, pourquoi ne m’as-tu pas tué,