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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/388

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dans le petit jardin de Versailles, au milieu des roses, quand le merle sifflait ?


Cependant, la terreur régnait dans Paris. Sur les places publiques et dans les rues populeuses, les ménagères, leur filet à la main, écoutaient, en pâlissant, le récit du crime et vouaient les coupables aux plus cruels supplices. Les boutiquiers, sur leur seuil chargeaient de ce forfait les anarchistes, les syndicalistes, les socialistes, les radicaux, et demandaient des lois. Des pensées plus profondes reconnaissaient la main du Juif et de l’Allemand et réclamaient l’expulsion des étrangers. Plusieurs vantaient les mœurs américaines et conseillaient le lynchage. Aux nouvelles imprimées s’ajoutaient des rumeurs sinistres. On avait entendu des explosions sur divers points ; partout on découvrait des bombes. Partout des individus, qu’on prenait pour des malfaiteurs, étaient assommés par le bras populaire et livrés en lambeaux à la justice. Place de la République, la foule mit en pièces un ivrogne qui criait : « À bas les flics ! »

Le président du Conseil, ministre de la Jus-