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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/397

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puis il suivit le magistrat dans le taxi arrêté devant la porte. Il goûtait une sérénité qui s’altéra à peine quand le guichet de la Conciergerie se referma sur lui. Demeuré seul dans sa cellule, il monta sur la table pour voir dehors. Il aperçut un coin de ciel bleu et sourit. Son calme lui venait de la fatigue de son esprit, de l’engourdissement de ses sens et de ce qu’il n’avait plus à craindre d’être arrêté. Ses malheurs lui communiquaient une sagesse supérieure. Il sentait descendre en lui des grâces d’état. Il ne s’estimait ni ne se méprisait trop et mettait sa cause entre les mains de Dieu. Sans vouloir cacher ses torts, qu’il ne se dissimulait pas à lui-même, il s’adressait mentalement à la Providence pour lui faire observer que, s’il était tombé dans le désordre et la rébellion, c’était pour ramener dans la bonne voie son ange égaré. Il s’étendit sur sa couchette et dormit paisiblement.

En apprenant l’arrestation d’une divette et d’un fils de famille, Paris et les provinces éprouvèrent une pénible surprise. Émue par les tableaux tragiques que lui présentait la grande presse, l’opinion exigeait que la loi