Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/55

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sition plus sublime de Raphaël sur le même sujet, fût gravée en petit, avec toutes ses couleurs, et distribuée en bons points dans les écoles.

— Mon oncle, dit le jeune Maurice en bâillant, ces machines-là, je les trouve moches. J’aime mieux Matisse et Metzinger.

Ces paroles tombèrent, inentendues, et le père Guinardon, sur son échelle, prophétisa :

— Il n’y a que les primitifs qui aient entrevu le ciel. Le beau ne se trouve qu’entre le XIIIe siècle et le XVe. L’antique, l’impur antique, qui reprit sa pernicieuse influence sur les esprits du XVIe siècle, inspira aux poètes, aux peintres, des pensées criminelles et des images immodestes, d’horribles impuretés, des cochonneries. Tous les artistes de la Renaissance furent des pourceaux, sans en excepter Michel-Ange.

Puis voyant Gaétan prêt à partir, le père Guinardon prit un air bonhomme et lui souffla sur un ton de confidence :

— Monsieur Gaétan, si vous ne craignez pas de monter mes cinq étages, venez donc dans ma cambuse ; j’ai deux ou trois petites toiles