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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/83

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vait avec un acharnement terrible. Nous étions tous angoissés…

C’était le général d’Esparvieu qui racontait les grandes manœuvres d’automne aux dames palpitantes. Il parlait avec art et plaisait. Traçant ensuite un parallèle entre la méthode française et la méthode allemande, il en définit les caractères distinctifs, mit en saillie les mérites de l’une comme de l’autre avec une haute impartialité, ne craignit pas d’affirmer que toutes deux présentaient des avantages, et fit voir tout d’abord l’Allemagne balançant la France aux yeux des dames surprises, déçues, troublées, dont le visage assombri s’allongeait. Mais peu à peu, à mesure que l’homme de guerre décrivait plus nettement les deux méthodes, la française apparaissait souple, élégante, vigoureuse, pleine de grâce, d’esprit, de gaieté, tandis que l’allemande se laissait voir lourde, gauche et timide. Et, peu à peu, les visages des dames s’arrondissaient et s’éclairaient en un sourire joyeux. Le général, pour achever de rassurer ces mères, ces épouses, ces sœurs, ces amantes, leur fit connaître que nous sommes en état d’employer la méthode