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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/323

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vais. M. l’abbé Coignard coucha dans la chambre basse, sous l’escalier, en un lit de plume qu’il partagea avec l’aubergiste et sa femme, et où ils pensèrent tous trois étouffer. M. d’Anquetil prit avec Jahel la chambre haute où le lard et les oignons pendaient aux solives. Je montai par une échelle au grenier, et je m’étendis sur la paille. Ayant passé le fort de mon sommeil, la lune, dont la lumière traversait les fentes du toit, glissa un rayon entre mes cils et les écarta à propos pour que je visse Jahel, en bonnet de nuit, qui sortait de la trappe. Au cri que je poussai, elle mit un doigt sur sa bouche.

— Chut ! me dit-elle, Maurice est ivre comme un portefaix et comme un marquis. Il dort ci-dessous du sommeil de Noé.

— Qui est-ce, Maurice ? demandai-je en me frottant les yeux.

— C’est Anquetil. Qui voulez-vous que ce soit ?

— Personne. Mais je ne savais pas qu’il s’appelât Maurice.

— Il n’y a pas longtemps que je le sais moi-même. Mais il n’importe.

— Vous avez raison, Jahel, cela n’importe pas.