Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/331

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en cannelle. L’abbé, elle n’est plus bonne qu’à jouer aux jonchets.

Les chevaux, abattus les uns sur les autres, s’entre-frappaient de leurs sabots. Dans un amas confus de croupes, de crinières, de cuisses et de ventres fumants, un des postillons était enseveli, les bottes en l’air. L’autre crachait le sang dans le fossé où il avait été jeté. Et M. d’Anquetil leur criait :

— Drôles ! Je ne sais ce qui me retient de vous passer mon épée à travers le corps !

— Monsieur, dit l’abbé, ne conviendrait-il pas, d’abord, de tirer ce pauvre homme du milieu de ces chevaux où il est enseveli ?

Nous nous mîmes tous à la besogne et, quand les chevaux furent dételés et relevés, nous reconnûmes l’étendue du dommage. Il se trouva un ressort rompu, une roue cassée et un cheval boiteux.

— Faites venir un charron, dit M. d’Anquetil aux postillons, et que tout soit prêt dans une heure !

— Il n’y a pas de charron ici, répondirent les postillons.

— Un maréchal.

— Il n’y a pas de maréchal.

— Un sellier.