Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/147

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Voué tout entier à l’amour fatal, il annonçait des résolutions farouches.

— Ah ! s’écria-t-il, goûter les délices de la vengeance !

— Je voudrais la revoir, ne fût-ce qu’un instant, dis-je en soupirant, me trouver dans l’ombre sur son passage.

Fontanet murmurait le nom de Madeleine et semblait en proie à de magnifiques tortures.

— Qui est Madeleine ? demandai-je ému, où l’as-tu connue ?

Fontanet me répondit avec gravité.

— Madeleine est l’héroïne d’un roman qui est une histoire véritable. Je l’ai lu dimanche, dans le jardin du Luxembourg, sur un banc, devant la statue de Velléda. Ce roman s’appelle Sous les tilleuls. Il faut l’avoir lu pour connaître les passions. Je te le prêterai.

Les jours succédaient aux jours et je n’oubliais pas Isabelle, je me demandais quel palais elle habitait, dans quels jardins délicieux elle se promenait. Mais je ne trouvai personne qui pût me l’apprendre. Je manquais de relations dans le monde du théâtre. Faute de renseignements, je lui donnai un logis à mon goût,