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il la consternait en lui répondant que, sur les participes, il n’en voulait pas savoir plus que Pascal et Racine, qui n’en savaient rien.

Le goût littéraire de M. Dubois me glaçait de respect et d’effroi.

Il était classique, mais avec beaucoup de critique et une philosophie qui lui dictait tous ses jugements. Il trouvait plus d’esprit à Saint-Évremond qu’à Pascal. Bossuet, selon lui, exprimait dans un style rocailleux de pauvres idées ; son Discours sur l’Histoire universelle était aussi sot, disait-il, que l’Histoire de Paul Orose, dans laquelle il était copié.

— Corneille, disait-il, ne peut plaire à un esprit sage, puisque Napoléon l’admirait. En effet, sa tragédie d’Horace sent la boucherie. M. Dubois tenait l’Esprit des lois et l’Essai sur les mœurs pour les deux plus beaux monuments de la pensée humaine. Il avait du goût pour les tragédies de Voltaire, malgré la faiblesse du style. En fait de poètes, à l’en croire, il n’y avait que les Grecs et les Romains. De ceux-là il se délectait et gardait toujours dans sa poche un Théocrite ou un Catulle de petit format et bien imprimé, car il était bibliophile.

Il savait Virgile par cœur, et contait qu’ayant