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Page:Anatole France - La Vie littéraire, IV.djvu/26

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xiv
PRÉFACE.

bles succès. Il était plus un ami qu’un éditeur. Bien d’autres lui rendront un semblable témoignage. Pour moi, c’est du plus profond de mon cœur que je m’associe à la douleur incomparable de sa veuve et de ses fils, ainsi qu’aux regrets profond de tous ses collaborateurs. Le lendemain même de la mort de M. Calmann Lévy, M. Ludovic Halévy écrivait ces lignes que je veux citer :

« Calmann Lévy est un des hommes les meilleurs, les plus intelligents, les plus droits que j’aie jamais connus.

« Resté jeune jusqu’à la dernière heure de sa vie, il possédait cette grande vertu sans laquelle la vie n’a véritablement aucun sens : la passion du travail. On peut dire qu’il a eu deux familles. Sa famille de cœur, d’abord : sa femme, ses fils, sa fille, ses petits-enfants, tous si tendrement aimés par lui… Et comme cette tendresse lui était rendue ! Puis ce que j’appellerai sa famille de travail, ses collaborateurs de la rue Auber. Il y avait plaisir à le voir, allant et venant, dans cet immense magasin de librairie, parmi ces montagnes de livres, au milieu de ses employés ; il était vraiment pour eux le