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UN COEUR DE FEMME[1]

C’est un petit volume, un petit volume à couverture jaune, comme on en voit tant aux étalages des libraires, mais qui va courir, celui-là, sur toutes les plages et dans toutes les villes d’eaux où sont dispersées, par cet été frais et pâle, ces quelques milliers d’âmes subtiles, inquiètes et vaines qui composent la société parisienne, et parmi lesquelles il en est une centaine, revêtues d’une forme féminine, souriantes et bien chiffonnées, de qui dépend la fortune des romanciers. Ce petit livre porte sur sa couverture le nom de Paul Bourget et il s’appelle un Cœur de femme. C’est pourquoi il ira aux sources célèbres de la montagne, où sont les belles buveuses d’eau ; c’est pourquoi il aura sur les grèves de « la mer élégante ». « La mer élégante », le mot est de M. Paul Bourget lui-même.

Un des gentilshommes des comédies de Shakespeare,

  1. Par Paul Bourget