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ROBERT DE MONTESQUIOU
« LES CHAUVES-SOURIS »

Le poète qui se révèle aujourd’hui tient son nom d’une des quatre baronnies de l’Armagnac féodal. Il sort de cette branche affinée des Montesquiou-Fezensac, qui produisit, à la fin du dix-huitième siècle et au commencement du dix-neuvième, des seigneurs philanthropes, des généraux poètes, des législateurs bienveillants. Le marquis de Montesquiou siégea à la Constituante et y fit preuve de modération et de désintéressement. Cet homme d’épée avait des idées neuves en matière de finances. Il était lettré et composait d’aimables comédies. Le comte Pierre de Montesquiou, son fils, montra dans des temps difficiles une paisible sagesse ; son petit-fils, le général, après avoir été à Essling, à Wagram, à Hanau, composa un poème en vingt-quatre chants, moins épique, sans doute, que sa propre existence. Amusements énormes et ingénus d’un héros vieillissant. Tous ces Montesquiou paraissent dans notre histoire politique et parlementaire avec une bonne grâce,