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LA VIE LITTÉRAIRE

Parfois, la fille, qui ne se gêne point, fait des réflexions morales d’une profondeur inquiétante.

Exemple :

Monsieur chauve, correct. La belle petite étendue sur un canapé :

C’est tout de même rigolo que tu ne te soies jamais demandé ce que pouvait faire la mère de tes enfants, la femme que t’estimes, pendant que tu es chez moi, à me raser.

Et le monsieur devient songeur.

L’embarras de l’homme entre sa femme et sa maîtresse amuse beaucoup le dessinateur satirique.

Une fille est à sa toilette. Elle lit une lettre :

Y a qu’y m’dit qu’sa femme est trop souffrante pour m’emmener dîner ce soir, mais qu’y viendra dès que le docteur sera venu.

La bonne :

J’l’ai toujours dit à madame, c’est un homme qu’a du cœur !

Mais l’âge vient et le vice reste, et l’on est M. Labosse, tel que nous le montre Henri Lavedan dans le Vieux jeu. Aux Champs-Elysées, M. le comte, qui a toute l’apparence du vieux Labosse, fait mine, tremblant et chancelant, de suivre une cocotte. Mais, son valet de chambre, un pliant sous le bras :

Non, monsieur le comte, faut rentrer prendre votre bismuth.

Forain ne ménage pas non plus le petit bourgeois :

Monsieur, dans sa chambre avec la bonne. Il lit une lettre.

Y a, y a qu’il faut qu’tu r’montes au sixième. Ma femme revient demain avec les enfants.

Intérieur bourgeois. Mademoiselle boude, son père lui demande :