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JEAN LAHOR
« L’ILLUSION »

Le poète philosophe qui se cache sous ce nom magnifique et somptueux de Lahor n’est autre que M. Henry Cazalis, dont les premiers vers furent admirés il y a plus de vingt ans dans ce Parnasse auquel les Trophées de M. José-Maria de Heredia viennent de donner un nouveau lustre. M. Jean Lahor était dès ses débuts le lyrique savant et méditatif dont nous entendons aujourd’hui les plaintes ornées. Il se fit tout jeune une idée de l’univers à laquelle il est resté fidèle, et l’œuvre de sa maturité présente le plein développement de l’idéal de sa jeunesse. Ces deux tomes de l’Illusion, dans lesquels se trouvent réunies et fondues les impressions de trente années, forment un ensemble harmonieux.

Avec une agréable diversité de tons, c’est d’un bout à l’autre le même poète et la même poésie. Le titre de l’œuvre en indique l’esprit. Illusion, ce mot résume toute la doctrine du poète, qui, de la vie, comme d’un pont, regarde couler le torrent des