Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/189

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que moi combien l’âge indécis où elle est, exige de ménagements et de soins. Je vous offenserais en la recommandant plus instamment à votre vigilance.

Ces paroles semblèrent la ravir. Elle contempla avec un air d’extase la petite spirale du plafond et s’écria en joignant les mains :

— Comme ces hommes éminents savent descendre jusque dans les plus intimes détails !

Je lui fis observer que la santé d’une jeune fille n’est pas un infime détail, et j’eus l’honneur de la saluer. Mais elle m’arrêta sur le seuil et me dit en confidence :

— Excusez ma faiblesse, monsieur. Je suis femme et j’aime la gloire. Je ne puis vous cacher que je me sens honorée de la présence d’un membre de l’Institut dans ma modeste institution.

J’excusai la faiblesse de mademoiselle Préfère et, songeant à Jeanne avec l’aveuglement de l’égoïsme, je me dis le long du chemin : Que ferons-nous de cette enfant ?